Ile-de-France : Grigny lance la mobilisation contre le décrochage scolaire

Le mouvement citoyen Bleu Blanc Zèbre et la région Ile-de-France ont lancé, ce jeudi à Grigny, un partenariat inédit pour lutter contre le décrochage scolaire et favoriser l’insertion professionnelle.

 Grigny, ce jeudi. La ville et son maire Philippe Rio (PCF) ont accueilli la 1re rencontre régionale des villes pilotes du partenariat passé entre la Région et l’association Bleu Blanc Zèbre pour lutter contre le décrochage scolaire et l’insertion professionnelle.
Grigny, ce jeudi. La ville et son maire Philippe Rio (PCF) ont accueilli la 1re rencontre régionale des villes pilotes du partenariat passé entre la Région et l’association Bleu Blanc Zèbre pour lutter contre le décrochage scolaire et l’insertion professionnelle. LP/F.G.

    Après l'appel de Grigny, place à l'appel contre le décrochage scolaire. Un an après le rassemblement qui a lancé le plan Borloo, Grigny est une nouvelle fois l'épicentre d'une mobilisation citoyenne en faveur des quartiers. Ce jeudi, la ville a accueilli une vingtaine d'associations et les représentants d'une dizaine de communes pour le lancement du partenariat entre le mouvement Bleu Blanc Zèbre et la région Ile-de-France.

    « Cette opération va durer trois ans, souligne le délégué général de Bleu blanc zèbre, Thibault Renaudin. C'est un pari fou qui consiste à créer du lien entre les différents acteurs. On va inventer quelque chose d'iconoclaste, travailler plus en réseau. » Le maire de Grigny Philippe Rio (PCF) embraye : « Il s'agit d'un public fragile et invisible qui grandit de jour en jour. Il mérite toute notre attention. »

    « En Ile-de-France, on compte 25 000 nouveaux décrocheurs par an. Ils sont à peu près 100 000 sur la région et on dénombre 900 000 chercheurs d'emploi », poursuit un représentant de Bleu blanc zèbre. Pour endiguer le phénomène, 20 villes d'Ile-de-France ont été identifiées. Parmi elles, Grigny, Drancy (93), Chanteloup-les-Vignes (78), Franconville (95), Mantes-la-Jolie (Yvelines) ou encore Les Mureaux (Yvelines).

    « La Région a débloqué 150 000 €, abonde la présidente du conseil régional, Valérie Pécresse (LR). Il faut que tout le tissu associatif de Bleu blanc zèbre soit au courant de ce que nous faisons, nous redynamisons tous les outils contre le décrochage. »

    Des initiatives testées dans 20 communes pilotes

    A Grigny, plusieurs initiatives ont déjà été mises en place. « Nous venons de créer une cellule pour agir sur le décrochage, indique Aminata Gueye, coordinatrice du projet Persévérance scolaire. Par le biais des trois collèges, nous agissons auprès des élèves en situation de décrochage. Nous sommes, par exemple, allés rencontrer une jeune fille qui ne voulait plus aller au collège. Après avoir discuté avec elle et ses parents, elle y est retournée dès le lundi. Elle avait besoin d'être écoutée. »

    Chez les voisins de Chanteloup-les-Vignes (78), le problème du décrochage scolaire est également pris à bras-le-corps. « Il manquait quelque chose juste avant le lycée, analyse la maire Catherine Arenou (LR). Avec Bleu blanc zèbre et l'école de commerce Essec, nous avons travaillé pour les accompagner vers un choix d'avenir qui leur correspond. Beaucoup trop d'élèves faisaient leur stage de 3e dans leur collège ou à la mairie. Grâce à ce partenariat, leurs choix sont mieux identifiés. Ils sont orientés vers des stages qui leur correspondent. »

    « ON EST AU CENTRE DU TRIANGLE ÉCOLE-FAMILLE-ENFANTS »

    Laurence Lachmann,sécrétaire générale bénévole de l’association Entraide scolaire amicale.  /LP/F.G.
    Laurence Lachmann,sécrétaire générale bénévole de l’association Entraide scolaire amicale. /LP/F.G. LP/F.G.

    « Notre association lutte contre le décrochage scolaire, on est au centre du triangle école-famille-enfants. Nous agissons en prévention auprès d'enfants identifiés partout en France. Pour cela, nous disposons d'une trentaine d'antennes en Ile-de-France, cela concerne 1 000 enfants à Paris et 1 200 hors de la capitale. Ces élèves n'ont plus les moyens de suivre une scolarité normale si on ne les aide pas de manière individualisée. Nos bénévoles se rendent à leur domicile une fois par semaine. Cela crée un rendez-vous avec l'enfant, mais aussi avec les parents. Il s'agit d'un accompagnement scolaire. Le bénévole doit comprendre d'où viennent les problèmes. Pour les résoudre, nous utilisons ce que l'on appelle la pédagogie du détour. Cela peut passer par le jeu, car il a un attrait fort chez l'enfant. Parfois, il s'agit juste d'un problème de confiance… En moyenne, l'accompagnement dure deux ans et demi. »

    « L'INSTITUT TÉLÉMAQUE, C'EST LE FIL CONDUCTEUR DE MA VIE »

    Waffa Nekka. /LP/F.G.
    Waffa Nekka. /LP/F.G. LP/F.G.

    « C'est une professeur qui m'a parlé de l'institut Télémaque (NDLR : une association qui agit pour l'égalité des chances dans l'éducation) quand j'étais en 6e dans un collège de ZEP dans le 18e à Paris. Mais j'ai vraiment commencé en 4e. Ma tutrice travaillait à La Française des jeux, son rôle était multiple : me faire découvrir le monde du travail et m'apporter une ouverture culturelle. C'est comme ça que j'ai fait mon stage de 3e à La Française des jeux. Le reste du temps, on sortait au restaurant et dans les musées. Ça m'a permis de tester de nouvelles choses. Sans elle, je n'aurai pas eu l'idée de faire tout ça. Au lycée, j'ai été accompagnée par d'autres associations comme Rêv'elles, par exemple. Ça m'a permis de me dépasser. Ensuite, après mon baccalauréat scientifique, j'ai fait une 1re année de médecine puis je me suis lancée dans une licence de psychologie. Depuis février, en parallèle de mes études, je suis en service civique au sein de Télémaque. C'est une manière de rendre la pareille, car avec le recul, je me rends compte que l'institut est le fil conducteur de ma vie. Mon rôle est de fédérer les anciens en créant des événements. »

    « A DRANCY, NOUS INTERVENONS DÈS LE CP-CE1 AUPRÈS DES ÉLÈVES EN DIFFICULTÉ »

    Nadia El Boukhiari/LP/F.G.
    Nadia El Boukhiari/LP/F.G. LP/F.G.

    « En plus des dispositifs du département de la Seine-Saint-Denis, comme ACTE qui vise les collégiens temporairement exclus, nous mettons en œuvre différents outils. L'un d'eux consiste à intervenir très tôt, dès le CP ou le CE1, auprès des élèves en difficulté avec un travail spécifique sur le français et les mathématiques. Pour les lycéens, nous proposons des stages aux élèves de 2nde. On garde l'enjeu du stage de 3e, mais on en propose un autre à l'entrée du lycée où la question de l'orientation est plus présente. Nous disposons également d'un programme de tutorat mis en place avec l'école de commerce Essec. Ce tutorat, assuré par des étudiants, s'adresse à des profils post-baccalauréat. La communication passe souvent mieux entre jeunes. Ils abordent des compétences comme la méthodologie et l'aisance verbale. Au final, toutes ces mesures représentent un vrai parcours de réussite. »